Discours prononcé le samedi 20 avril à Besançon lors de la manifestation hebdomadaire organisée par le collectif Palestine élargi en soutien au peuple palestinien.
Jeudi 18 avril en une seule journée, en France, nous avons assisté à trois évènements qui marquent le franchissement d’un cap très inquiétant :
- Une conférence pour la paix avec Jean-Luc Mélenchon et Rima Hassan a été interdite par deux fois. C’est la 5ème conférence interdite en quelques semaines.
Après l’annulation de la conférence par la présidence de l’Université de Lille suite aux pressions reçues, nous avions loué une salle privée, le préfet a alors interdit l’évènement.
C’est la 1ère fois dans notre histoire contemporaine qu’un meeting est interdit qui plus est en pleine campagne électorale.
Cela créé un précédent dangereux. - Une manifestation contre le racisme et l’islamophobie pour le dimanche 21 avril est frappée d’interdiction. Le tribunal administratif a annulé cette décision hier, nous nous en réjouissons.
- Un syndicaliste est condamné à de la prison avec sursis pour un tract de soutien à la Palestine
Vendredi 19 avril, c’était l’annonce de poursuites contre Rima Hassan, juriste en droit international, fondatrice de l’observatoire des camps de réfugiés et candidate sur notre liste aux élections européennes. Elle est convoquée pour apologie du terrorisme. Une accusation infamante dont nous ne connaissons même pas ce sur quoi elle repose.
C’est une nouvelle intimidation inacceptable. Je veux réaffirmer ici mon soutien plein et entier à Rima Hassan qui défend comme nous le cessez-le-feu et la paix dans le cadre d’une solution à deux États.
La France de Macron dérive dangereusement.
Qui appelle au cessez-le-feu se voit traiter d’antisémite.
Qui souhaite ramener de la raison et l’histoire du conflit israélo-palestinien pour comprendre les évènements est immédiatement accusés d’être un agent du Hamas.
Il règne dans le pays une forme de maccarthysme dangereux qui vient s’ajouter aux attaques déjà nombreuses portées aux fondements démocratiques de notre pays sous la présidence d’E. Macron. Des atteintes soulignées à de multiples reprises par des instances internationales.
Nous dénonçons ce climat répressif qui vise depuis plusieurs semaines celleux qui dénoncent le génocide en cours à Gaza et appellent au cessez-le-feu immédiat et permanent.
Tous les démocrates de ce pays doivent s’insurger de cette répression. Je voudrais vous lire quelques lignes écrites par Frédéric Lordon, philosophe et économiste, dans sa dernière note de blog d’avril du monde diplomatique. Il parle du processus de fascisation de notre pays :
« Un processus qu’on reconnaît à l’empire croissant du mensonge, de la déformation systématique des propos, de la désinformation ouverte, voire de la fabrication pure et simple. Avec, comme il se doit, la collaboration, au moins au début, de tous les médias bourgeois. Un processus qu’on reconnaît donc aussi à sa manière d’arraisonner le débat public en lui imposant ses passages obligés et ses sens interdits.
Tous les dénis et toutes les compromissions symboliques du monde cependant, toutes les intimidations et toutes les censures, ne pourront rien contre l’énorme surgissement de réel qui vient de Gaza. »
Alors, pour terminer, je vous le dis très clairement, les « soutiens inconditionnels » du gouvernement d’extrême droite de Netanyahu ne nous feront pas taire !
Et nous ne sommes pas seules. Partout dans le monde, des voix s’élèvent face à ce génocide qui se déroule sous nos yeux. Aux USA, les manifestant.es sont nombreux à se mobiliser en soutien à Gaza. Là aussi la répression frappe notamment les étudiant.es de Columbia en ce moment même. En Israël aussi, des manifestations ont lieu pour la paix.
Alors, non ils ne nous feront pas taire !
Cessez-le-feu ! Cessez-le-feu ! Cessez-le-feu !
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