Trois semaines se sont écoulées depuis le second tour des élections législatives et je tenais à revenir vers vous afin de vous faire part de ma gratitude mais aussi de l’analyse et de l’état d’esprit dans lequel je me trouve.
Tout d’abord, merci à tous et toutes d’avoir bien voulu, par votre vote, par votre participation au comité de soutien ou par votre engagement dans la campagne, affirmer votre appui à ma candidature et à notre campagne de la Nouvelle Union Populaire Écologique et Sociale dans la 1ère circonscription du Doubs.
Après être arrivés en tête au premier tour et malgré une mobilisation militante exemplaire sur le terrain durant toute la campagne, nous n’avons malheureusement pas réussi à l’emporter.
1267 voix nous séparent du candidat macroniste, soit 3,75% des suffrages exprimés, 1,66% des inscrit.es, avec une abstention à 51,67%, 3166 bulletins blancs et nuls, soit 8,6% des suffrages exprimés. Nous étions à deux doigts de l’emporter.
L’heure est à préparer la suite et nous pouvons arracher cette circonscription à LREM et ses allié.es. Que ce soit dans le cadre d’une dissolution dans les prochains mois ou pas, la perspective est la même, faire gagner la gauche et l’écologie.
La circonscription 2501 fait partie des 100 circonscriptions bascules, c’est-à-dire celles qui par leurs résultats auraient permis à la NUPES d’être majoritaire dans le pays. Car là était notre objectif. Il n’est certes pas atteint mais E. Macron connait une défaite cinglante. Un président fraichement élu sans majorité absolue, c’est historique. Sans majorité absolue, il va devoir faire face à nos 151 député.es NUPES.
Le Parlement est de retour dans cette monarchie présidentielle à bout de souffle. Il faut s’en réjouir.
Si une analyse des résultats rigoureuse devra être faite sur notre territoire pour comprendre ce que nous allons devoir améliorer et travailler pour préparer la suite, les raisons pour lesquelles il nous a manqué ces voix sont aussi à rechercher dans le contexte national : abstention massive, dédiabolisation de l’extrême droite entamée depuis des mois et diabolisation de la NUPES ces dernières semaines avec l’aide de relais médiatiques puissants, explosion du barrage républicain avec des responsables politiques et orateurs médiatiques n’hésitant à mettre sur le même plan RN et NUPES.
Si je me suis engagée depuis plusieurs années au sein du Journal de l’insoumission en tant que rédactrice en chef, c’est aussi parce que je suis profondément convaincue de la nécessité de mener la bataille culturelle par la création de médias citoyens et indépendants des pouvoirs de l’argent. C’est un enjeu démocratique fort.
Ces élections marquent une nouvelle étape pour le RN dans sa conquête du pouvoir avec l’entrée dramatique de 89 député.es à l’Assemblée Nationale. Cette législature s’est ouverte avec le discours du doyen de l’Assemblée, député RN, un discours qui fait froid dans le dos. Cette déroute est celle d’E. Macron. Il n’aura pas été un barrage mais un viaduc face à l’extrême droite.
À l’issue de cette séquence électorale, en plus du bloc des abstentionnistes, 3 blocs se dégagent : le bloc populaire, le bloc bourgeois (LREM, ses alliés et LR), le bloc d’extrême droite.
Face à l’écroulement de la structure macroniste et l’étouffement de celle de la droite traditionnelle LR, ce qui va se jouer dans les mois à venir sera de savoir qui prendra le leadership sur le bloc bourgeois. C’est la partition que joue le RN dans un contexte où la droite LREM a participé à favoriser une hégémonie culturelle d’extrême droite et autoritaire, notamment par les sorties d’E. Macron au sujet de Petain ou de Maurras.
Les derniers évènements à l’Assemblée lors des votes sur les diverses responsabilités ont montré la connivence qui existe entre LREM, ses alliés et l’extrême droite. Un baiser de la mort qui nous rappelle de bien sombres épisodes de l’histoire politique de notre pays. « Plutôt Hitler que le front populaire », du côté de l’oligarchie et de ses défenseurs/promoteurs de l’extrême centre ; « Bas les masques » du côté de l’extrême droite, qui à toute époque se drape de la cape du sauveur du peuple et de l’antisystème pour finalement servir de passe-plat, avant de sauter sur la table, et perpétuer les privilèges de quelques un.es.
Dans notre département, le Doubs, la circonscription 2504 a basculé au RN, dans la 2503 le RN était au second tour, dans la 2501, l’extrême droite affiche des scores cumulés au-delà de 22 % au premier tour, et à plus de 17 % dans la 2505. Tout autant de symptômes de territoires ouvriers et/ou ruraux qui voient dans l’extrême droite la solution à leur colère, désarroi et détresse. Alors même que nous sommes, nous, le camp des partageux et des écologistes, celles et ceux qui devrions porter, par notre programme de progrès social, leurs espoirs. Nous ne pouvons être la « gauche des métropoles et des quartiers », qui laisserait au RN la ruralité et les dégouté.es.
Le moment qui s’ouvre à nous est historique. Notre engagement, lui, est vital.
- Vital quant aux urgences sociales qui ne cessent de s’aggraver. Alors même qu’ils sont déjà nombreux.ses à être pris à la gorge, devant choisir entre se nourrir, payer le plein d’essence pour aller bosser ou payer le loyer, l’inflation que nous connaissons et qui va s’aggraver, plongera encore plus les plus fragiles d’entre nous dans la pauvreté et la précarité.
- Vital quant à l’urgence climatique et le point de bascule qui nous guette. Le GIEC, les scientifiques et les ONG ne cessent d’alerter et pourtant nous continuons à foncer vers la catastrophe le pied sur l’accélérateur.
- Vital quant au combat contre le projet haineux de l’extrême droite que nous allons devoir mener sur tous les fronts : à l’Assemblée, dans nos territoires et auprès de celles et ceux qui souffrent.
- Vital, face à l’abstention massive et au vote de rejet, pour sortir par le haut de cette crise, de manière pacifique, par le changement de nos institutions.
Nos atouts dans ces combats sont importants. L’espoir que nous avons construit lors de cette séquence électorale est là. À nous de le cultiver et de continuer à le semer. L’attente est grande dans le pays. Notre responsabilité face à ces défis l’est tout autant. Des forces puissantes de changement sont présentes dans le pays. Elles sont le terreau de la victoire du bloc populaire.
Ce que nous avons réalisé suite à l’élection présidentielle, le rassemblement des forces de gauche et de l’écologie sur des bases programmatiques claires, en moins de 10 jours, est historique.
Souvenons-nous, au soir du 1er tour des législatives, la NUPES était en tête dans le pays ! Il nous a manqué quelques 16 000 voix dans le pays pour faire élire 289 député.es NUPES et être majoritaires ! Notre pays compte près de 48,8 millions de personnes inscrites sur les listes électorales. Sur les 20,7 millions de suffrages exprimés au second tour des législatives, il nous a manqué entre 0,13 et 0,25 % du total.
Par cette stratégie, nous avons été au deuxième tour dans plus de 400 circonscriptions et fait élire 151 député.es. Qui plus est nous avons bloqué près de 200 deuxièmes tours où le RN aurait pu être présent. Celles et ceux qui martèlent notre soi-disant « ambiguïté » républicaine feraient bien de se le rappeler. Les ambigu.es, ce sont eux.
Et ce rassemblement va bien au-delà des partis ou mouvements qui le composent. Nous avons tous et toutes pu constater la mobilisation de nombreux.ses personnes sans attaches partisanes qui se sont engagées pleinement dans cette campagne. C’est une grande richesse et une source d’espoir importante.
Au-delà des échéances électorales, ces dernières années, nous avons vu se multiplier les mobilisations citoyennes. Des gilets jaunes aux mouvements des jeunes pour le climat, les mouvements sociaux et écologistes, l’ensemble des initiatives citoyennes et/ou associatives sont vivaces dans nos quartiers, dans nos villes et villages. Ce sont tout autant de prises de pouvoir et de preuves par l’exemple que des alternatives peuvent être construites. Ce sont tout autant d’illustrations qu’il existe dans ce pays une majorité qui souhaite autre chose que la compétition de tous contre tous, qui souhaite autre chose que l’accumulation sans limite par quelques-uns au détriment du plus grand nombre et de notre jardin planétaire.
Toutes ces initiatives, ces actions, ces luttes, ces mobilisations, sont le signe de cette vitalité politique qui existe dans notre pays.
À l’Assemblée en portant et en continuant à faire vivre le programme de gouvernement de la NUPES, dans nos territoires, auprès de celles et ceux qui luttent, auprès de celles et ceux qui souffrent, écouter et comprendre leur colère, nous devrons faire causes communes.
Le militantisme de terrain est fondamental, personne n’étant définitivement prédéterminé par un vote.
Les initiatives dans les différents partis ou mouvements sont nombreuses et doivent se multiplier. Les caravanes populaires, ateliers des lois, porteurs de paroles, portes à portes, actions festives, les réseaux de correspondant.es d’immeubles sont, par exemple, des actions qui portent leurs fruits. Apprenons des un.es des autres, partageons et mutualisons nos forces.
Par cette mobilisation populaire, par la mobilisation de l’ensemble des forces de gauche et de l’écologie, un autre monde est possible. Le bloc populaire peut être majoritaire. Continuons à y travailler collectivement.
Pour ma part, je suis et resterai sur le pont.
Je reste mobilisée :
– auprès de celles et ceux que j’ai pu rencontrer durant cette campagne et à qui j’ai promis de continuer à l’être quel qu’en soit les résultats de cette élection législative,
– pour continuer à écouter, convaincre, construire,
– pour continuer la lutte pour la justice sociale et changer véritablement la vie des gens,
– pour mener la nécessaire bataille culturelle pour qu’enfin, et avant qu’il ne soit trop tard, nous engagions l’indispensable bifurcation écologique afin d’offrir un avenir à nos enfants,
– pour participer à remobiliser la jeunesse dans les urnes. Ils sont l’avenir de notre pays et l’espoir de porter le changement, puisque quand ils votent, leurs bulletins se portent majoritairement sur nous. 42 % des 18-24 ans, 38 % des 25-34 ans ont voté pour les candidat.es de la NUPES au premier tour des législatives.
Pour tout cela, il nous faudra faire vivre ce rassemblement, la Nouvelle Union Populaire Écologique et Sociale, à l’Assemblée mais aussi dans nos territoires. J’y prendrai toute ma part.
Force et courage à tous et toutes. Ensemble, nous allons écrire la suite.
Avec toute ma gratitude et ma détermination à continuer avec vous.
Séverine VEZIES
Candidate NUPES 1ère circonscription du Doubs
Rédactrice en chef du Journal de l’insoumission
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