La France connait un mouvement social et citoyen d’une ampleur que l’on n’avait plus connue depuis 1968. Une crise sociale qui couve depuis de longs mois, relancée par la contestation de la réforme des retraites, agrégeant de nombreuses autres colères et luttes, tout en muant vers une crise politique et de régime. Nous sommes au rendez-vous de l’Histoire à plusieurs égards.
Sur le plan des conquis sociaux, ne cessons pas de rappeler que cette réforme des retraites n’a comme seule motivation une posture idéologique ; un choix politique guidé par une vision libérale sur le plan économique et qui depuis les premiers jours de la création de la sécurité sociale en 1946 n’a cessé de mettre des coups de boutoirs à ce qui lui paraît impensable : la solidarité et le destin partagé des citoyen.nes.
Le rejet populaire de cette réforme, intrinsèquement injuste et injustifiée, est d’autant plus fort qu’elle arrive dans un moment où la situation sociale et la précarisation grandissante des plus fragiles d’entre nous deviennent insoutenables. Deux mondes s’entrechoquent : avec l’inflation, selon une étude IFOP d’avril, 53% des Français.es qui gagnent le SMIC ou moins déclarent réduire les portions dans leur assiette, quand 42% déclarent supprimer un repas ; à l’autre bout de l’échelle, les profits s’accumulent, à l’image du classement Forbes 2023 où Bernard Arnault et Françoise Bettencourt, sont classé.es comme l’homme et la femme les plus riches du monde. Une « première » pour la France, semble-t-on nous dire fièrement ! Comment oser demander encore des sacrifices face à de telles injustices insupportables ?
Mais Macron ne demande pas. Il impose. Il exige. Où sinon ?
Bâillon à l’Assemblée pour les parlementaires qui subissent l’empilement des pires armes constitutionnelles de la Vème République prévues pour mettre au pas le Parlement.
Bâillon pour les collectifs citoyens ou associations qui s’insurgent à l’image de la procédure de dissolution lancée par Darmanin contre Les soulèvements de la terre engagés dans les luttes écologiques et pour le vivant, ou ses menaces à peine voilées contre la Ligue des Droits de l’Homme.
Matraque, lacrymo, LBD, arrestations arbitraires, violences policières, intimidations… pour les manifestant.es.
La LDH, la défenseure des droits, le syndicat des avocats de France ou de la magistrature… tous s’alarment de la situation. La France de Macron-Darmanin est montrée du doigt dans le monde entier. De l’ONU, au Conseil de l’Europe, aux grandes ONG de défense des droits humains, les institutions internationales s’inquiètent des abus dans la politique de maintien de l’ordre française et de ses conséquences sur les libertés fondamentales. La presse internationale, à l’image du Financial Times qui titrait : « la France a le régime qui, dans les pays développés, s’approche le plus d’une dictature autocratique », et même la Maison Blanche, s’en émeuvent.
La Trumpisation du ministre de l’Intérieur ne date pas d’hier : déjà en 2015, alors maire de Tourcoing, il avait voulu annuler la subvention de la ville à la section locale de la LDH. Darmanin s’inscrit ainsi clairement dans la tradition de l’extrême droite, toujours menaçante pour les défenseurs des libertés fondamentales. Quant à Macron, son autoritarisme s’exprime dans les institutions et dans la rue face à une « foule » qu’il juge « illégitime » et méprise à chacune de ses prises de paroles. Jusqu’à promulguer une loi contre l’avis du peuple souverain, en catimini en pleine nuit, après une décision du Conseil constitutionnel qui le montre plus enclin à maintenir cette monarchie présidentielle qu’à écouter la volonté du peuple.
La riposte nécessite de se rassembler. Forces politiques humanistes, associatives, syndicales et citoyennes. Pour défendre la Liberté, face à ce duo mortifère pour notre République. Pour la convocation d’une assemblée constituante et pour une 6ème République, face au naufrage de cette Vème République.
Crédit-photo : Camille B
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