Le 17 avril dernier, Emmanuel Macron annonce « cent jours d’apaisement ».
La colère populaire est alors à son paroxysme depuis le 49.3, la motion de censure non adoptée à un cheveu et une loi promulguée en catimini en pleine nuit.
Nous sommes à l’échéance de ces 100 jours. Faisons le bilan.
Avril – De nouvelles formes d’actions auto-organisées se multiplient. Le pouvoir macronien y répond par la brutalité, des interdictions et le fichage de personnes gardées à vue.
Manifestation du 1er mai – Répression, arrestations arbitraires, intimidations. La jeunesse est particulièrement visée. En pleine construction de sa citoyenneté, elle gardera de cette expérience la mémoire de la peur à la vue des « forces de l’ordre ».
Célébration du 8 mai – Un jour crépusculaire et solitaire pour Jupiter. Les images sont saisissantes, Macron défile seul sur les Champs-Élysées. Le peuple est lui écarté, interdit de grande avenue.
17 mai – Un délégué syndical de Vertbaudet est embarqué devant chez lui par des policiers en civil. Il sera gazé, frappé, humilié, se fera cracher dessus puis jeter du véhicule.
26 mai – Assemblée générale de Total. Des militant.es écologistes sont mobilisé.es pour alerter sur la responsabilité de telles firmes dans le réchauffement climatique. Alors qu’iels sont assis·es sur un pont, iels seront gazé·es à bout portant. Les actionnaires de Total insulteront Manon Aubry, eurodéputée insoumise présente sur place.
29 mai – Justine Triet, réalisatrice lauréate de la palme d’or à Cannes, est attaquée de toute part par la macronie sur les réseaux sociaux à la suite de son discours dénonçant la violence sociale et institutionnelle du gouvernement. Cet épisode n’est pas isolé. Qui n’est pas d’accord avec la macronie se voit remis en cause : le COR, la LDH, la Défenseure des droits…
8 juin – La proposition de loi du groupe LIOT visant à abroger le départ à la retraite à 64 ans ne fera finalement pas l’objet d’un vote. Charlotte Caubel, secrétaire d’État, avait prévenu : « Nous ferons tout pour que ce débat n’ait pas lieu ». Ce fut chose faite et c’est carrément le droit d’amendement des parlementaires qui est piétiné arbitrairement.
Après le recul de l’âge de départ à la retraite et l’attaque de l’assurance chômage, l’agenda anti-pauvre de Macron se poursuit : travail gratuit des titulaires du RSA, main d’œuvre bon marché des élèves de lycées professionnels à qui on va réduire les temps d’études…
21 juin – Le gouvernement annonce la dissolution des Soulèvements de la Terre, utilisant les moyens arbitraires permis par la loi « séparatisme ». Lors de son adoption, la France insoumise avait alerté sur les dangers démocratiques de cette loi. Aujourd’hui, preuve en est. Dans la foulée, des militants écologistes sont arrêtés, mis en garde à vue puis en détention provisoire. Les franchissements de seuils s’enchaînent. Jusqu’où ?
27 juin – Nahel 17 ans est tué par un policier lors d’un contrôle routier. À la suite de ces évènements, l’émotion et la colère éclatent dans de nombreux quartiers populaires de France. Nous assistons à une possible convergence des colères face à un gouvernement qui n’a cessé de créer les conditions du chaos pour notre pays. Des soulèvements de la Terre aux soulèvements populaires, le mot d’ordre est la justice.
Dans ce climat social et démocratique explosif, la bourgeoisie macroniste s’active déjà sur les plateaux TV pour rendre possible un 3ème mandat de Macron. Tel Poutine ou Erdoagn, tel Napoléon III, seul président de la 2ème République et sacré empereur après l’échec d’une révision constitutionnelle qui aurait pu lui permettre de se présenter à nouveau, soyons vigilant pour éviter de vivre l’avènement de Jupiter 1er.
En ce mois d’anniversaire révolutionnaire, souvenons-nous des mots de Jaurès : « Nous savons par une expérience qui s’appelle la Révolution française qu’il ne faut jamais désespérer et qu’un jour ou l’autre, dans notre pays de France, la grandeur des évènements répond à la grandeur de la pensée. »
Séverine VEZIES
Dessin de Kurt pour le JI
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