Dans une France qui a faim, rongé par les inégalités, la montée de l’autoritarisme et des idées xénophobes, la rentrée 2023 s’annonce particulièrement difficile.
Septembre, c’est le début d’une nouvelle année de dur labeur pour le plus grand nombre et la fin de l’insouciance estivale pour celleux qui ont pu y goûter quand pour 4 français.es sur 10 partir en vacances reste un loisir inaccessible. Il l’est d’autant plus en période de crise, comme celle que nous connaissons depuis plusieurs mois avec des taux d’inflation qui explosent, tirés en grande partie par la hausse des profits.
Au bout du bout, ce sont les ménages qui payent la note avec des salaires réels en forte baisse. Et cela a des conséquences concrètes sur le quotidien de millions de personnes : 1 français.es sur 6 se prive d’un repas, 25% des 18-24 ans vivent sous le seuil de pauvreté. La consommation alimentaire des ménages n’a jamais autant chuté. Dans le même temps, c’est aussi sans précédent, la fortune des 500 plus grandes fortunes de France a doublé sous Macron pour atteindre 1170 milliards d’euros en 2023. Cette somme folle représente 45% du PIB français ! Bernard Arnault par exemple, gagne en 38 secondes ce qu’une personne au SMIC gagne en une année.
Face à ces inégalités indécentes et au processus inflationniste, une question majeure doit être mise à l’ordre du jour, celle du partage des richesses. Nous sommes au cœur d’une lutte des classes. Et dans cette lutte, le gouvernement a choisi son camp !
En juillet 2022, le gouvernement avait déjà refusé de traiter cette question dans le cadre de sa loi dite « pouvoir d’achat » et lors des discussions de la loi dite « partage de la valeur » fin juin 2023, sa ligne n’a pas changé : des primes au compte-goutte et des exonérations de cotisations sociales. Ces choix sont le fruit d’une logique idéologique bien huilée aux effets en cascade : des primes ponctuelles pour ne pas débattre du partage de la valeur ajoutée au sein des entreprises, des droits acquis (maladie, chômage, retraite…) moindre pour le salarié et une mise en difficulté financière des systèmes de protection sociale impactés par les exonérations de cotisations sociales, pour mieux justifier ensuite leur réforme pour cause de déficit.
A la crise sociale que nous vivons, s’ajoute une crise politique et institutionnelle qui ne cesse là aussi de s’aggraver et un glissement alarmant vers l’autoritarisme faisant craindre le pire pour notre démocratie.
Après le meurtre de Nahel, tué par un policier, et la vague d’émotion et de colère qui a traversé le pays, plutôt que de parler des causes, chacun.e est enjoint de condamner en cadence les révoltes urbaines sous peine de se voir accuser de légitimer la violence. Il faudrait appeler à un retour à la normale. Mais de quelle normalité parle-t-on ? La normalité dans nos quartiers populaires, c’est le racisme, les violences policières, les discriminations à l’emploi et dans l’accès au logement, ce sont des services publics et des structures de protection ou associatives saccagés par les politiques austéritaires… Cette normalité est insupportable. Alors, si personne ne peut se satisfaire des destructions de ce qui fait la vie quotidienne des habitant.es, un simple appel au calme est inaudible et une faute politique majeure. La France insoumise est la seule organisation politique à avoir mis sur la table un plan d’urgence de sortie de crise.
Mais pour mieux masquer son incompétence et son inaction, le gouvernement a décidé de cibler la France insoumise. Et pour se faire, il peut s’appuyer sur un nouvel arc politique allant de la macronie à l’extrême droite et renforçant le bloc bourgeois. Le RN se pourlèche les babines devant ce spectacle, où son vocable et son fonds de commerce haineux sont repris à l’envie par les macronistes et par feu la droite républicaine. Dans ce contexte, celleux qui souhaitent enterrer la NUPES apparaissent d’autant plus comme des irresponsables. Le niveau d’excitation de l’extrême droite à l’Assemblée mais aussi de ses groupuscules néo-nazis qui se constituent en milice dans nos rues, le communiqué de presse du principal syndicat policier appelant à la guerre contre des « nuisibles »… sont autant de nouvelles alertes et franchissements de seuils qui devraient alarmer, réveiller tant qu’il en est encore temps et remobiliser toutes celleux qui sont attaché.es à la République.
Séverine VEZIES
Illustration de Kurt pour le JI
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